Les Frères de Matzenheim envoyés en Mission

A la suite d’une demande insistante des Pères Jésuites, par Monseigneur Toyer, archevêque de Fianarantsoa, à Madagascar, il a été décidé d’envoyer trois Frères pour prendre en charge la direction d’un collège à Mananjary sur la côte Est de Madagascar : le Frère Romain, alors économe au collège St Joseph de Matzenheim, accompagné par les Frères Théodore et Irénée. Le voyage, fixé au 26 juillet 1957 s’est fait par bateau, le Pierre Loti et dura trois semaines. Débarqués à Tamatave le 15 août, ils rejoignirent Mananjary par petites étapes où ils ont été chaleureusement accueillis le 31 août. Ils prirent en charge la direction du collège de l’Immaculée Conception, encore en construction qui avait fonctionné comme école primaire dans les locaux disponibles. La rentrée des classes était fixée au 6 septembre suivant et le Frère Romain ouvrit tout de suite une classe de 6e avec les élèves à niveau de l’année précédente.

 

Comme Madagascar était alors encore sous régime colonial, tout l’enseignement se faisait en français ; la langue malgache n’était enseignée que comme langue secondaire, mais à partir de toutes les classes primaires.

Les Frères ont travaillé d’abord avec le personnel autochtone sur place, mais bientôt ils ont eu du renfort venant de France : le Frère Henri, en 1959, puis le Frère Constant en 1962 pour prendre la responsabilité du juvénat puisque des vocations s’étaient déclarées, puis, Mr Louyot de Nancy, Mr Dupuy et les coopérants en guise du service militaire, dont le Frère Claude en 1965. Plus tard, le Frère Séraphin nous est arrivé en 1966 pour l’ouverture de notre premier noviciat. Sur les 13 élèves de notre première classe de 3ème, 12 ont été reçus au BEPC dès la première session et par la suite, l’établissement a toujours connu de bons résultats aux examens.

 

Sur la demande de l’archevêque de Fianarantsoa, le Frère Romain a pris en charge l’école paroissiale Maria Manjaka (Marie Reine) de Talatamaty-Fianarantsoa, sur les plateaux et l’a mise en CEG par l’ouverture d’une classe de 6me. A Mananjary, il a été remplacé par le Frère Claude à la direction du collège et comme le Frère Henri avait construit un atelier pour le bois et le fer il a ajouté aux programmes scolaires une section d’initiation technique ainsi qu’un enseignement agricole par l’acquisition d’un terrain d’expérimentation. A Fianarantsoa, le Frère Romain a d’abord travaillé avec le personnel sur place, mais dès 1968 il a été aidé par des coopérants. La première classe de 3e comptait 15 élèves qui tous étaient reçus au BEPC dès la première session. Comme les demandes d’inscription affluaient, il a dû construire de nouvelles classes. En 1975, le Frère Claude a remplacé le Frère Romain à la direction du collège Maria Manjaka tandis que celui-ci reprit la direction du collège de l’Immaculée Conception à Mananjary.

Vu le climat malsain, chaud et humide de la côte, le nombre des Frères s’était réduit car plusieurs d’entre eux ont dû revenir en France pour raison de santé : le Frère Constant en 1969, mais qui est retourné à Madagascar en 1990, le Frère Irénée en 1971 et le Frère Henri en 1972. Le Frère Léon qui était arrivé en 1966 pour seconder le Frère Henri à l’atelier, est rentré en 1974. Comme le collège Maria Manjaka était en fort développement, les jeunes Frères malgaches rejoignirent le Frère Claude pour lui prêter main forte, car à partir de 1973, l’aide des coopérants était tarie. A Mananjary, le Frère Romain, resté seul comme Frère à partir de 1980, continuait à assurer la direction du collège et de son atelier jusqu’en fin 1986. C’est alors que le collège de l’Immaculée Conception fut remis au diocèse tandis que le Frère rejoignit ses confrères à Fianarantsoa.

 

Sur les plateaux, l’œuvre des Frères s’est grandement développée. Dans le quartier de Talatamaty, à Fianarantsoa, le collège Maria Manjaka compte pour le moment largement plus de 1 000 élèves ; il s’y trouve également le juvénat pour les jeunes vocations. Dans la quartier de Mahamanina il y a le postulat et le noviciat ainsi qu’un atelier pour le travail du bois et du fer avec une trentaine d’ouvriers. Dans la campagne, à 25 km de la ville fonctionne un poste d’animation rurale. A Tananarive, une communauté de jeunes Frères étudiants suivent des études spécialisées et depuis la dernière rentrée scolaire, une communauté assure l’enseignement du cycle secondaire au collège St Antoine à Anosina-an-Ala, dans le diocèse de Moramanga. Le Frère Claude dirige l’œuvre d’alphabétisation Vozama qui s’étend sur les diocèses de Fianarantsoa et Ambositra. Cette œuvre concerne environ 11 000 enfants de la brousse éloignée, dans 700 postes d’alphabétisation . Cela demande un gros travail d’organisation pour recruter et former le personnel et pour trouver les moyens de financement. Beaucoup de travail se fait, mais il reste énormément à faire.