Frère Henry HUG

Jean-Baptiste HUG  devenu Frère Henri est originaire du village de Biesheim dans le Haut-Rhin presqu'au bord du Rhin. C'est aussi le village d’origine de Frère Denis Sibler.
 Il est né le 7 mai 1920 dans une famille qui aura 5 enfants. Son père était maçon et sa mère couturière. Après l'école primaire à Biesheim où il a obtenu le certificat d'études,  il est entré à 14 ans au Juvénat à Ehl . Il a été pendant deux ans élève de Frère Bernard puis en 1936  il a commencé les études de serrurier avec Frère Eloi. Il a eu ses diplômes de brevet de compagnon et de CAP de serrurier par la suite.
En septembre 1938, il a commencé le Noviciat avec neuf autres frères toujours à Ehl qui était la maison-mère des Frères à cette époque.  C'est là qu'il prononce ses premiers vœux  le 1er septembre 1939,  jour de la déclaration de la guerre. C'est en 1939 qu'il y a eu le plus grand nombre de frères dans la congrégation soit 150 membres.
Il est aussitôt  envoyé à Matzenheim pour la maintenance de la maison du Collège Saint Joseph qui était replié à Tournan en Brie avec le Frère Félix et plusieurs autres frères dont le chef de l'atelier fer, le Frère Honoré. Après la venue des Allemands, le collège est réquisitionné pour être un hôpital et un moment une école pour des jeunes de Mannheim. Frère Henri est homme d'entretien. Il s'occupe du chauffage  et de la lessive.
Puis le 31 août  1942 les autorités allemandes l'envoient en Yougoslavie à l'Arbeitsdienst. Le 1er  novembre 1943  il est  incorporé dans la Wehrmacht et partagera le sort des  " Malgré nous ". Il a été en formation au Danemark puis envoyé au front en Russie, en Pologne en Bulgarie, dans les Carpates. Il fut démobilisé après l'armistice en Tchécoslovaquie.  Il écrira  dans son récit de la vie, qu'il passait le temps de garde en prières et que cela lui servait de montre : trois chapelets et deux petits  offices à la Sainte Vierge: cela faisait une heure. Et il y en  a eu des heures de gardes! " Avec des centaines d'heures de garde vous pouvez vous faire une idée de la grâce qu'il m'était donné. La Vierge Marie n'a pas été ingrate car dans trois cas au moins elle m'a sauvé d'une mort certaine ".
En  août 1945, alors qu'il avait enfin pu rejoindre Matzenheim, le Frère Bernard de passage  l'emmène à Trélissac dans le Périgord, où il avait recommencé avec d'autres frères dès 1941 l'œuvre des apprentis de Zelsheim. Mais cette œuvre  rejoint rapidement Andlau où il travaillera de nombreuses années comme éducateur technique  des métiers du fer. Pour cela il passera en 1946 le Brevet de Maîtrise. Frère Jules révèle dans son allocution pour le jubilé d'or de Frère Henri qu'il a été "un homme, qui  comme son maître  Frère Eloi, aimait son métier et en était fier et qu'il était soucieux de transmettre les bons principes d'ordre, de propreté et de finition dans le travail ". Il ne comptait pas ses heures et manifestait naturellement sa compétence, sa rigueur et son autorité  auprès des jeunes de l'établissement d'Andlau.
Le 14 septembre 1947 Frère Henri prononce ses vœux perpétuels.

Il y aura bientôt une nouvelle partie de sa vie.
En août 1958, il demande à partir à Madagascar rejoindre les 3 frères pionniers de notre fondation malgache. Deux d'entre eux, Frère Romain et Frère Irénée sont décédés ces derniers mois.
Il construit le juvénat et un grand  ate-lier, et forme de nombreux jeunes et alimente la caisse de la communauté par ses nombreuses productions. Son loisir favori était la pêche et le jeu de carte avec les pères Jésuites  qui travaillaient aussi dans le secteur de Mananjary.
Il était intarissable sur ces années à Madagascar et le jour avant d'aller pour la dernière fois à l'hôpital  de Sélestat où il est décédé le 9 avril 2015,  il racontait encore à nos confrères malgaches, Fr Raymond et Claude Rodolphe qui étaient venus le visiter avec moi, tous ses souvenirs  de Mananjary.
Il restera à Mananjary jusqu'en août 1972, dans un climat tropical qui va affaiblir sa santé et l'obliger de revenir en France.
Après une année de repos, il est envoyé pour la rentrée 1973 à l'Ecole des Frères à Mulhouse . Il doit aider Frère François et  bien vite le rempla cer pour tous les achats et la gérance de la cuisine. Des ennuis de santé le conduisent  à renoncer à ce travail en 1979 et après qu'il fut rétabli il reprendra son ancien métier d'homme d'entretien. En 1985 il est retraité mais continue à rendre des services à Jean XXIII. Voilà ce qu'il écrivait en juin 1999 :  " Peut-être je finirai mon existence terrestre dans une maison de retraite, en attendant le jour où le Seigneur m'appellera. Je tâcherai d'être prêt à le rejoindre pour le louer dans l'éternité, avec les Frères qui m'ont précédé. "
C'est ainsi que le 1er février 2003 après quelques autres ennuis de santé ; il rejoindra la maison de retraite des Missions Africaines qui lui avait été recommandée par ses anciens amis d'Andlau et où nous célébrons maintenant  ses funérailles. Il était très heureux dans cette maison dont il louait le calme et la sérénité. Il appréciait surtout la proximité de la chapelle où il passait chaque jour de nombreuses heures en prière.
Son décès est survenu le 9 avril 2015, à l’hôpital de Sélestat, dans la 95e année de son baptême et dans la 76e année de sa profession religieuse.
Je vous invite à entrer nous aussi en prière pour lui et pour tous ceux qu'il a rencontré et connu.
Frère Jean-Claude ANHEIM
14 avril 2015