Frère Martinien Droesch (1923 - 2009)
Aîné de 4 enfants, il a toujours gardé un fort esprit de famille. Souvent il évoquait le dur métier de son père, qui était fondeur, et la délicatesse de sa maman.
En quelques mots, je voudrais évoquer l’homme, le religieux et le prêtre.
Pierre Droesch était avant tout un homme, au cœur généreux et sensible aux souffrances de ce monde.
Jeune, il connut des mois difficiles, lorsqu’ éclata la guerre : le refus de l’incorporation de force ; l’évasion, organisée par sœur Véronique Heinis dans le clocher de l’église St Etienne de Mulhouse ; la crainte, puis la joie, d’être secrètement hébergé par un inconnu qui se révèle être un prêtre ; et la nuit passée en prison, en arrivant enfin Suisse.
Les années d’école normale de 1941 à 43, à Trélissac, l’ont préparé à sa vocation d’enseignant, notamment grâce à un éducateur émérite - M.Coeurdevey. Muni du brevet supérieur, il part dans les chantiers de Jeunesse où il travaille comme géomètre et parfois comme pompier.
Suivent les premières années d’enseignement à Matzenheim : obéissant à la volonté de ses supérieurs, il enseignera aussi bien le français, l’histoire et la géographie que les mathématiques ou la chimie.
A l’époque déjà, il aimait écouter et jouer de la musique, et plus particulièrement la musique d’orgue. Plus récemment, mais avec la même passion , il s’est investi dans l’informatique.
Frère Martinien était aussi un religieux, frère de la Doctrine Chrétienne.
Le religieuxa sans doute trouvé sa vocation à Reichshoffen, où les frères tenaient l’école de garçons et où son grand’oncle, frère Martin, repose au cimetière. C’est dans cette ville qu’il a rencontré, à l’âge de 10 ans, le frère Ignace et un an plus tard le voilà au juvénat à Ehl.
A 16 ans, c’est la vêture et malgré les temps difficiles, il commence le noviciat en 1940.
C’est alors que Pierre échange son nom au profit de celui du geôlier de St Pierre, Martinien.
A trente ans à peine, le frère se met au service du Juvénat, aux côtés du frère Denis, d’abord dans le magnifique domaine du château de Werde, puis dans le pavillon tout neuf de Matzenheim. Epoque pleine d’espérance, puisqu’une quarantaine de jeunes juvénistes en recherche découvraient alors sous sa conduite les joies et les contraintes de la vie commune et participaient durant les vacances à des voyages-pèlerinages très appréciés.
Membre du Conseil de la Congrégation durant de nombreuses années, le frère a su mettre ses aptitudes intellectuelles et ses connaissances théologiques au service de ses confrères.
C’est aussi en tant que conseiller qu’il se rendra à Madagascar, en 1992, afin de visiter notre jeune province : tous nos confrères malgaches, entourant les frères alsaciens Claude et surtout Romain - notre doyen et originaire du même village que fr Martinien- , sont réunis aujourd’hui et à cette heure même, afin de célébrer notre union dans la prière.
Enfin, le Père Droesch fut le premier prêtre dans notre Congrégation.
L’idée du sacerdoce lui vint assez tard, d’ailleurs accueillie plutôt froidement par le frère supérieur. Mais le frère Médard le soutient dans sa démarche. Il est ordonné prêtre en 1956, à Matzenheim, par Mgr Weber. A partir de cette date, il assure l’aumônerie à Matzenheim jusqu’en 1971, puis à Mulhouse jusqu’en 1988. Sans prendre la retraite d’ailleurs, puisqu’il continuera d’accompagner plusieurs groupes, de médecins ou de jeunes, ainsi qu’une équipe des foyers Notre-Dame.
Sans vouloir être exhaustif, je noterai tout de même deux rayons de soleil hebdomadaires durant cette dernière période de sa vie.
Le mardi, il aimait travailler les textes de St Jean avec son ami Jean-Jacques, en présence de Liliane dans le rôle de Marthe pour les servir.
Le vendredi, il se rendait au bien-nommé Sonnenberg à Carspach, afin d’y célébrer la messe chez les sœurs.
Mais depuis près de trois ans, sa santé déclinant, frère Martinien vivait à Rixheim, en maison de retraite, puis à l’hôpital -géographiquement proche de la famille de son jeune frère Gérard. Il était entouré de l’affection des siens et recevait la visite de nombreux amis reconnaissants.
Humainement, la congrégation perd aujourd’hui un religieux actif, dévoué et proche de chacun de ses confrères ; sa famille pleure un frère et un parent aimé et respecté ; tous nous regrettons le départ de l’ami généreux et fidèle.