Il est né le 24 janvier 1920 à Ungersheim (Ht-Rhin) dans une famille de 11 enfants. L’avant dernier c’est lui, le dernier est Joseph, mort à Stalingrad à l’âge de 21 ans en 1944.
En automne 1931, il arrive au Collège St. Joseph à Matzenheim conduit par son père, bûcheron de métier. La mère était couturière. En 1936 il quitte Matzenheim pour la Maison-Mère à Ehl près de Benfeld. Il y passe la première année d’Ecole Normale, ainsi que le Noviciat pour entrer dans la Congrégation des Frères de la Doctrine Chrétienne. Pour son premier poste il est affecté à l’Ecole des Frères à Mulhouse en 1939. Le Frère Adrien en est le directeur. Suite à la déclaration de la guerre, l’Ecole doit fermer, ainsi que le collège de Matzenheim. Le directeur, Frère Félix Braun, avec une centaine d’élèves et quelques Frères s’installe à Tournan-en-Brie, à 30 Km de Paris. Fr. Albert fait partie de l’équipe enseignante avec le Fr. Jules.
Mais en juin 1940, en pleine débâcle, il est mobilisé à la caserne de Montluçon, qu’il doit quitter rapidement car les Italiens vont venir pour la bombarder. Les jeunes mobilisés comme lui, qu’on appelle des « Marie-Louise » sont répartis dans des Chantiers de Jeunesse. Fr. Albert est versé dans le chantier N° 1 dans l’immense forêt de Tronçais dans le Cher (25 Km de long sur 15 Km de large) et portant le nom Camp N° 1 du Maréchal Pétain. A Noël 1941, les Alsaciens-Lorrains qui ont refusé, comme lui, de retourner en Alsace, ont eu une permission de quelques jours sur la presqu’île de Giens, près de Hyères. Dans le convoi il y avait le frère du Fr. Antonin, qui a pu confirmer à Fr. Albert que les Frères de Zelsheim, après avoir passé par le camp de Schirmeck, ont été expulsés en Zone libre, ce qui lui a permis de les rejoindre à la fin de son service, à Trélissac, près de Périgueux.
A Trélissac, au château Magne, il trouva Mgr. Ruch, l’évêque de Strasbourg qui avait dû quitter son diocèse. Le Fr. Bernard qui reçoit Fr. Albert dans les baraquements de réfugiés fait de suite les démarches pour qu’il soit admis à l’Ecole Normale catholique d’Obernai, repliée à Solignac près de Limoges, sous la direction de M. Coeurdevey, pour obtenir le Brevet Supérieur.
Revenant de Dordogne après cinq années de présence, l’Institut Mertian s’installe dans l’ancienne Commanderie teutonique d’Andlau. En 1948 Fr. Albert prend la direction à Ehl, de la section des petits écoliers, les apprentis étant restés à Andlau. EN 1950, il est nommé pour une classe au Collège de Matzenheim. Mais après un an il retourne à Ehl pour reprendre la direction du Centre scolaire à Ehl. En 1955, le Supérieur général, Fr. Félix, opère une permutation : Fr. Bernard prend la direction à Ehl, et le Fr. Albert va à Andlau pour diriger le Centre de Jeunes ou l’Institut Mertian, centre de formation professionnelle pour jeunes en difficulté, et y restera jusqu’à sa retraite en 1980.
Le lundi 25 janvier 2010, le maire Fabien Bonnet d’Andlau, ses trois adjoints, ainsi que le curé Lorber sont reçus par le nonagénaire dans la maison de sa communauté, 2 rue St. André. Le jubilaire a notamment évoqué son attachement à la musique qui l’a amené à donner des leçons d’accordéon, a créer un groupe de danses folkloriques, à fonder le groupe des majorettes. Sa retraite l’a vu souvent au jardin. Il était membre de plusieurs associations, ces associations qui mettent de la vie dans une commune ou d’une paroisse. Passionné d’histoire, il a publié une vingtaine d’ouvrages sur Andlau. L’ensemble de ses archives a fait l’objet, l’été 2009, d’une donation officielle à la ville. Elles transiteront un jour à la Seigneurie qui sera constituée en CIP (Centre d’Interprétation du Patrimoine). Fr. Albert était collectionneur d’Ours, emblème de Ste Richarde, la fondatrice d’Andlau. Dirigeant de chorale et organiste, il vivait pour la musique et le théâtre. Ses nombreuses activités l’ont fait devenir membre d’honneur de la commune, puis son nom a été donné à une nouvelle rue. Pensez donc ! Il a le droit d’être fier, lui, fils de bûcheron, d’avoir une rue de son vivant. Il ne cache pas son plaisir d’être convié à la fête de quartier donnée chaque année dans « sa » rue Frère-Albert-Martiny.