Construction du Juvénat Notre Dame (Pavillon Mertian) (1954-1957)

  1. Acquisition de la propriété « Scheitel » anciennement "Hettler"

 

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Le Conseil de la Congrégation (Frs Félix, Médard, Jules, Denis, Séraphin)décide à la date du 16 octobre 1952, l’achat du restaurant « Au Soleil d’Or », en face de l’établissement, (ancienne propriété Hettler/ Scheitel). C’est là qu’il est prévu la construction du nouveau Juvénat dont le plan est confié à l’architecte Henri Walker.
2. Appel d'offres
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3. Aménagement de l’ancien restaurant. 
Les travaux de construction du nouveau pavillon ne pouvant être commencés qu’au début de l’année 1955, le Conseil de Congrégation décide l’aménagement de l’ancien restaurant « Hettler » qui recevra pour 2 ans le petit juvénat établi jusqu’ici à Werde.
Les travaux d’aménagement sont entrepris par la maison, l’entreprise « Parinetti » en juillet 1954. Le rez-de-chaussée est restauré pour pouvoir loger la cuisine, l’office, le magasin à provisions, leréfectoire de juvénistes, la petite salle à manger des Frères. Une partie du réfectoire servira provisoirement d’étude pour les petits.
Sous le toit on aménage un grand dortoir, qui sera plus tard subdivisé en chambres. Dans la cave spacieuse, la maison « Fohrer » de Strasbourg installe la chaufferie du chauffage central des deux bâtiments.
4. Installation du Juvénat dans le bâtiment « restaurant Hettler »
Le 17 novembre 1954, toute la famille du Juvénat quitte le château de Werde pour aller s’établir dans son nouveau foyer à Matzenheim. Petits et grands sont au travail pour descendre matelas, couvertures, montants de lit, armoires, pour charger sur les voitures de la ferme, les bancs, les pupitres, les tables, les provisions et les ustensiles de cuisine.
A midi, dernier dîner à Werde, dîner d’exode : les plus anciens, habitués au joli cadre du château sur les rives de l’Ill sont particulièrement attendris.
Le soir, premier repas dans la nouvelle demeure, bientôt suivi du premier sommeil.
 
5. Construction du nouveau pavillon.
31 janvier 1955 : Ouverture du chantier. Dans l’après-midi, un camion de l’entreprise Barthelmebs entre dans la cour. Une petite équipe d’ouvriers décharge des planches, des poutrelles, des brouettes, des outils ; puis elle se met à dresser une première baraque.
4 Février : 3 solides baraques s’élèvent déjà à une extrémité de la cour : la première servira à stocker le ciment, la seconde servira de cantine, l3e plus petite abritera le bureau du contremaître. Une forte équipe a commencé le creusement des fondations.
7 février : les fossés des fondations s’allongent et s’approfondissent.
8 fevrier : arrivée des tailleurs de pierres. Ils installent leur chantier à proximité des immenses tas de grès provenant de l’ancien couvent d’Ehl, détruit par un bombardement allié début 1945.
24 février : une équipe installe un grand mât métallique qui servira au montage de la grue. Les fondations en béton sont terminées
25 février : La grande grue est à peu près en place. Fixation du bras long de 16m.
10 mars : Les charpentiers sont à l’œuvre pour faire le coffrage des murs de la cave. Petit à petit les murs du sous-sol s’élèvent. Du côté ouest, le revêtement extérieur en pierre taillées ne permet qu’un progrès lent.
1er avril : Les murs ont atteint la hauteur du plancher du rez-de-chaussée. Le grand mur de soutien intérieur en béton armé est à peu près terminé
2 avril : Arrivage de plusieurs chargements de grès : grès rose arraché depuis peu aux flancs des Vosges ; blocs de grès déjà taillés, provenant de l’ancien château de Werde.
20 et 21 avril : Bétonnage du plafond de la cave sur toute la longueur du bâtiment. 497 sacs de ciment ont été utilisés pour ce travail.
5 mai : les murs du rez-de-chaussée s’élèvent. On pose les rebords et les montants des fenêtres.
11 mai : bétonnage du second plafond (plancher du 1er étage)
23 mai : bétonnage du plancher de la chapelle.
3 juin : Bétonnage du 3e plafond (plancher du 2e étage)
6-11 juin : Les maçons élèvent les murs de briques de la chapelle.
13-18 juin : Les maçons élèvent les murs du 2e étage. Les charpentiers préparent le coffrage pour le plafond voûté de la chapelle.
11 juillet : Sur le 4e plafond terminé vers le 18 juin (plancher du grenier) l’équipe des charpentiers se met activement à l’œuvre pour assembler et dresser les pièces de la charpente.
12 juillet : Vers 16h, la dernière pièce de la charpente est fixée. Le gros œuvre peut être considéré comme achevé.
Déjà le contremaître a orné le sapin traditionnel de rubans et banderoles multicolores.
16 heures : La cloche du chantier résonne. Fin du travail. Les ouvriers se rassemblent autour du contremaître M. Koeperlé et de quelques frères : Frs Denis, Jules, Constant, Laurent, M. les Aumôniers Schneider et Heinimann.
Le sapin orné est attaché au câble de la grue puis élevé au faîte de la charpente. Frères et ouvriers se rassemblent au réfectoire pour boire un bon verre de Traminer dans une belle ambiance de joie à la pensée de l’œuvre accomplie.
22 juillet : banquet de fin de chantier.
Tous les ouvriers de l’entreprise Barthelmebs qui avaient travaillé sur lechantier sont réunis au réfectoire du Juvénat (anc. Restaurant « Au Soleil d’Or ») Pour ce banquet avaient suivis notre invitation : M. Deichelborer, Directeur de la coopération de reconstruction ; M. Walker, architecte ; M. Willer Léon, président de l’Assoc. Civile de la Congrégation ; M. Barthelmebs. Etaient présents aussi Frs Jules, Médard, Félicien, Constant, Adrien, Raphaël.
Après le dîner, le représentant du M.R.U. (Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme, créé en France fin 1944) s’adressant aux ouvriers, les félicite pour le beau travail accompli en un temps record. Fr. Jules remercie tous ceux qui ont contribué à la réussite de cette œuvre de reconstruction : architecte, patron, ouvriers.
Enfin le Fr. médard, dans un discours enflammé et spirituel en dialecte alsacien, exalte la beauté du travail manuel qui est comme le complément et le couronnement du travail intellectuel.
23-31 juillet : Après le gros œuvre qu’on a vu avancer jour par jour avec un rythme accéléré, il reste à finir de nombreux petits travaux : cloisons intérieures, fondation du préau, canal pour les conduites réunissant les 2 bâtiments.
1er octobre : Le préau est achevé. Une équipe réduite remplace la précédente, partie pour un autre chantier, et exécute
– le bétonnage du sol (garage,WC,légumerie, préau)
- la construction du grand mur en béton à l’est de la cour, vers le potager
- les électriciens, les installateurs du chauffage central, les ouvriers de l’installation sanitaire, tout ce monde est sur pied du matin au soir.
7 octobre : L’entreprise « Soprema » commence les travaux d’étanchéité des toits en béton.
12 octobre. L’artiste parisien Lambert Rucki vient visiter la nouevelle chapelle, invité par l’abbé Ribolzi, aumônier au collège. Il est agréablement surpris par les belles proportions architecturales.
17 octobre : Pose des marches du grand escalier circulaire devant l’entrée principale. Frère Florentin pose les fenêtres du 2e étage. La couverture en « mammouth cuivré » sur le toit de la chapelle s’achève.
15 novembre : Les plâtriers sont à l’ouvrage au 2e étage.
15-22 janvier 1956 : Pose des fenêtres au rez-de-chaussée (salle de classe). Les plâtriers finissent leur travail au 1er étage eu au rez-de-chaussée. L’installation du chauffage est à peu près terminée.
6. Décoration de la nouvelle chapelle
9 avril : L’artiste Lambert Rucki et l’architecte H. Walker, Frs Jules, Denis, et l’aumônier Ribolzi se rencontrent dans la chapelle du Juvénat. Echange de vue au sujet de la décoration. Lambert Rucki précise ses plans : La décoration du chœur sera essentiellemnt derrière et au-dessus de l’autel, un grand et majestueux Christ triomphant.
Coût des travaux chiffrés de Lambert-Rucki:
 Le Christ-Roi en ciment : 800.000 F
  1. La Vierge en bois polychrome : 400.000 F
  2. St Joseph en bois : 100.000 F
  3. Le Christ de procession (bronze) : 25.000 F
  4. Le Chemin de Croix en ciment : 450.000 F
  5. Le bénitier en bronze : offert
  6. Toutes les autres oeuvres (dessins, peintures, esquisses, plan pour les vitraux, indications pour le tabernacle) ne sont pas chiffrées. L’œuvre de la grotte de Lourdes avec la Vierge et Bernadette à placer dans le parc, n’a pas été réalisée : devis 450.000 F
  7. Évidemment, les fournitures de matériel et les maçons sont facturées aux entreprises (Barthelmebs, Parinetti), ainsi que les vitraux (Ruhlmann), le tabernacle (?), l'autel (Jaeg).Un état des recettes/dépenses du 5/1/56 au 27/12/56 (donc avant la réalisation du Chemin de Croix) donne les chiffres suivants:
  8. recettes : 1.283.173 F
  9. dépenses : 1.907.943 F

14 avril. Lambert Rucki a terminé ses premiers travaux de mise en place. Les contours du Christ sont dessinés. Il prépare la maquette du Chemin de Croix.

17 avril : Depuis 2 semaines, l’entreprise Parinetti travaille au crépissage du nouveau bâtiment.
21-24 août : Visite rapide de Lambert Rucki. Elaboration du plan définitif du tabernacle, chandeliers, lampe du sanctuaire. Rencontre avec M. Ruhlmann, maître-verrier de Haguenau.
7. Installation des juvénistes
Septembre: Frères et Juvénistes s’installent dans le nouveau Juvénat Notre-Dame.
8. Bénédiction de la chapelle, consécration de l'autel
10 octobre : Bénédiction de la chapelle vers 17h45 par Mgr Fischer, archiprêtre de la cathédrale et
délégué épiscopal de la Congrégation. Le soir, à 18h30, au son des cloches de l’église paroissiale du village, eut lieu dans la cour du Juvénat l’accueil des reliques des saints martyrs jésuites, apôtres du Canada, ss Jean bréboeuf, Garnier et Lallemand. Les reliques furent exposés dans une châsse sur l’autel de l’ancienne chapelle provisoire. Pendant toute la nuit, les frères se remplacèrent pour la veillée des reliques.
11 octobre 1956 : Consécration solennelle de la nouvelle chapelle du Juvenat par son excellence Mgr Weber, évêque de Strasbourg. La cérémonie débuta à 8h30 du matin. Des frères en grand nombre, venus des différentes maisons, des amis et bienfaiteurs, des membres du clergé, curés des environs et anciens aumôniers, quelques grands élèves remplissaient la petite chapelle quand Mgr Weber y fit son entrée. Chant des psaumes de pénitence suivi de la litanie des saints. Puis se déroula l’émouvante procession des relique que Mgr Weber transporta de l’ancienne chapelle vers la nouvelle pour les déposer dans la pierre d’autel. La liturgie de la consécration de l’autel, commentée par l’abbé Wackenheim, aumônier du collège, a été particulièrement impressionnante dans ce nouveau petit sanctuaire où toute l’assistance pouvait suivre sans peine tous les détails de la cérémonie : aspersion et encensement, onction de l’autel.
Vers 11h seulement commença la grand’messe solennelle chantée par Mgr Fischer, assisté des abbés Droesch et Enger. Mgr Weber assista à la messe entouré de M. les Chanoines Lux et Billing (Président de la Société Coopérative de la Reconstruction des Eglises et des Edifices Religieux Catholiques du Bas-Rhin). Cérémonie rehaussée par la présence d’une quinzaine de séminaristes dans leurs fonctions d’acolytes et de chantres sous la direction de leur directeur M. l’abbé Mappus.
Mai – août 1957 : Fin de la décoration de la chapelle : chemin de croix, statue en bois polychrome de la Vierge, de St Joseph, vitraux réalisés par Tristan Ruhlmann d’après les projets de Lambert Rucki.
Septembre A la demande de l’architecte, l’entreprise Parinetti refait le crépissage intérieur de la chapelle.
FIN des travaux
Extraits des chroniques manuscrites du Frère Denis