Il faut chercher l’origine de la Fanfare du Collège au pensionnat de Hilsenheim à l’époque de sa création en 1858 par le Chanoine E. Mertian. Fr. Alphonse donnait les cours de musique et le Fr. Jean Amann en devint le 1er chef, soutenu de temps en temps par le Fr. Vincent.
Lorsque fut ouvert le collège de Matzenheim en 1871, la Fanfare y fut transférée et restructurée. C’est encore Fr. Alphonse qui en fut le maître d’œuvre et le chef. Il était secondé par Fr. Philibert. Ce dernier composa des partitions que, par modestie, il ne publia cependant jamais.
De 1886 à 1902, la fanfare fut dirigée par Fr. Lucien. Il se distingua par la finesse et l’élégance de sa direction. De 1902 à 1922 la conduite en incomba à Fr. Charles, puis ce fut au tour de Fr. Morand jusqu’en 1932.
Fr. Aimé lui succéda et tint la baguette jusqu’à la guerre.
Groupe musique 1920
Le travail du chef était ingrat car à la fin de chaque année scolaire les élèves musiciens expérimentés quittaient le collège et il fallait en former de nouveaux au cours de l’année suivante.
Le directeur devait avoir une grande foi et l’esprit de sacrifice, comme Fr. Denis en fournit la preuve dans son poème « La Fanfare en marche».
Il pouvait cependant se réjouir de fournir aux sociétés de musique alsaciennes de jeunes musiciens bien formés. De plus, la musique permettait aux jeunes internes d’avoir un utile et agréable divertissement tout en préparant de belles prestations pour les fêtes au collège.
La Fanfare en marche
Près de six fois bientôt, la lune vagabonde
A fait sa grande ronde autour de notre monde
Depuis qu’au Collège, dans un bruit infernal
S’exerce la fanfare pour un prochain régal.
Ils sont près de trente formant la jeune clique,
Fervents, zélés, grands amis de belle musique.
La fanfare est donc en marche. Mais non, pardon !
Elle reste chez soi, sans trop montrer ses dons
Et dans le sombre réduit aux fenêtres bien closes
Dans le plus grand secret, elle tait de tristes choses
Tout en travaillant dans un effort surhumain
Elle se prépare pour de beaux lendemains
Si l’on savait combien de temps, combien de peines..
Combien nos musiciens soufflent à perdre haleine
Si l’on savait leur foi, malgré leur affliction
Ils connaîtraient plus de pitié, plus d’affection.
Car tel est le destin de tous les vrais artistes,
Leurs débuts sont amers et parfois un peu tristes
Mais malgré cet assaut des premiers désespoirs
Ils savent trop que l’art ne peut les décevoir
De jour en jour, et plus radieux et plus calmes
Ils découvrent sur d’autres tons, de nouveaux charmes
Et les flûtes champêtres et les vaillants pistons,
Les bugles, les saxos et tous les barytons
En beuglant sans mesure, en bravant les timbales
Font taire des tambours la puissance rivale.
On raconte même que dans les alentours
Les poulaillers en deuil pleurent nuit et jour
Et que les chiens voisins, mourant de jalousie
N’ont pour bien aboyer plus la moindre envie.
Seul un merle depuis le trente et un janvier
Semble à la jeune clique vouloir se rallier
Et perché sur une branche du vieil érable
Il trouve à la musique un plaisir ineffable.
« Joli progrès, dit-il, de plus en plus parfait!
Anciens, parents, bientôt vous voilà satisfaits.
Très bientôt vous verrez la clique renaissante
Défiler sous vos yeux. Et votre âme impatiente
Goûtera dans un enivrement tapageur
L’harmonie des sons et celle de vos coeurs.
Vous verrez, croyez-moi, cet harmonieux cortège
De lauriers tout nouveaux rajeunir le Collège.
Fr. Denis Sibler