L’Institution St Joseph à TRIEL s/Seine, de 1941 à 1947
(Par Fr. Raphaël Braun)
1. Origine et causes du séjour à Triel.
A la déclaration de la guerre, le 3 septembre 1939, le Collège se voit interdit de toute l’activité de son internat (350 lits) à cause de la proximité du « front » sur le Rhin, à 6 km..
Les Frères non mobilisés, pour continuer la vie du Collège, s’établissent en novembre 1939, avec une centaine de leurs élèves internes au château de Combreux à Tournan-en-Brie, dans une maison de retraite des Frères de St Vincent-de-Paul.
Après la débâcle de juin 1940, Frères et élèves rentrent en Alsace. Mais, dès août, une nouvelle équipe de 10 jeunes Frères démobilisés viennent se réfugier à Tournan, car ils étaient interdits d’enseignement en Alsace. C’est toujours le Collège Saint-Joseph, mais les 20 internes et les 50 externes sont des Briards ou des Parisiens.
2. Installation à Triel s/Seine en août 1941.
A cause de l’exiguïté des locaux, au château de Combreux, à la suite aussi des difficultés du voisinage avec l’Orphelinat des Frères de St Vincent-de-Paul, dans la même propriété, on cherche un autre refuge.
Des appels viennent, entre autres, de Triel, de la part de M. le Curé Marquer et surtout des Sœurs de Notre-Dame de Strasbourg, installées depuis 1939 à Triel, dans la maison « Cantonnet », au bord de la Seine, avec un externat mixte d’E.P.S.. Cette mixité déplaît aux Mères Supérieures et à l’Evêché de Versailles ; d’où l’appel aux Frères de Tournan. Les Sœurs enseignantes de Notre-Dame appartenaient à cette congrégation fondée au début du 16e siècle par Saint Pierre Fourier (1565-1640), curé de Mattaincourt (Vosges). Leurs collèges se dénomment « les Oiseaux »
En été 1941, l’E.P.S. de la maison Cantonnet est fermée et les « Mères » iront à Saint-Etienne ouvrir (ou renforcer) un collège de jeunes filles. Mais trois « Mères » restent à Triel et tiennent l’Ecole Notre-Dame, avec les classes Primaires pour les filles ; les filles du Secondaire iront aux « Oiseaux ».
L’Institution Saint-Joseph s’installe donc en automne 1941 dans une propriété de Cheverchemont que le propriétaire, M. Prévôt, vient d’acheter et qu’il loue à la paroisse de Triel, par son curé très actif, M. le curé Marquer.
Le mobilier et matériels scolaires sont déménagés par camion de Tournan à Triel, de même pour l’équipement de l’internat. Les cinquante internes, soit de la Brie, soit du Vexin, seront installés dans la « Maison Goley », sise à 200 m. au nord, dans la même rue, maison louée par les Frères à cet effet.
Après d’importants travaux d’aménagement du vieux corps du bâtiment, l’ouverture de l’Ecole peut se faire à la fin de septembre 1941 avec une centaine d’élèves, chiffre qui montera rapidement à 150, dont une cinquantaine d’internes.
L’Ecole aura 6 classes
1) La classe des « petits » (CP et CE1) qui fonctionne au Patronage paroissial, près de l’église.
2) A Cheverchemont : le CE2 et le CM1
3) le CM2
4) les 6e et 5e réunies en Cours Supérieur et Fin d’Etudes pour la préparation au C.E.P.
5) La classe de 4e
6) La classe de 3e pour la préparation du Brevet.
A côté de leurs activités à l’école, les Frères participaient à la chorale paroissiale avec l’organiste aveugle M. Chineau, de Triel. Moi-même, je dirigeais le groupe des Cœurs Vaillants au patronage du jeudi et des grandes vacances et où venaient les garçons du public et du privé.
Le Directeur de l’Ecole était le Frère Fulrade Klein. A côté des 8 Frères enseignants que nous étions, il avait encore le Frère cuisinier et le Frère jardinier qui rendaient de grands services à l’Ecole.
3. Retour en Alsace.
Avec la Libération de l’Alsace, au printemps 1945, il fallut rouvrir nos écoles en cette Alsace qui avait beaucoup souffert.
Huit Frères de l’équipe furent rappelés en Alsace en juillet, emportant le surplus du mobilier ; 3 classes furent maintenues, avec trois Frères enseignants et le Fr. cuisinier.
Trois classes primaires fonctionnèrent, mais dès l’été 1947, l’Evêque de Strasbourg rappelait ces quatre Frères pour éviter des fermetures de poste en Alsace.
Un noyau de 20 internes était maintenu, ce qui assurait des finances, nécessairement courtes par ailleurs.
4. La succession
Elle sera assurée par M. et Mme Henrion, choisis et installés par M. le Curé Hérissé, successeur de M. le Curé Marquer qui était devenu Curé de St Leu-la-Forêt.
J’ignore le départ de Triel de M. Henrion.
Problèmes avec l’Occupant ?
La population de Triel et des environs nous a fait un accueil chaleureux, généreux, sympathique qui a duré pendant tout notre séjour.
Monsieur le Maire Rodier et les Services Municipaux nous ont rendu des services éminents, surtout dans le domaine économique, dans le ravitaillement et les autorisations diverses exigées. M. Rodier a veillé à notre tranquillité en nous couvrant de son autorité discrète et efficace, nous dispensant de toutes les exigences policières, entre autres, la participation aux gardes de nuit sur les routes ou la gare de Vernouillet.
Les Autorités occupantes ont ignoré notre existence en zone « occupée » grâce au courage et à la bienveillance de la Mairie de Tournan-en-Brie, car nos dossiers personnels, demandés en 1941 par la Préfecture de Melun, furent subtilisés (et volatilisés) par le Secrétaire de Mairie. Et ainsi l’occupant n’eut jamais nos noms et nos identités.
Une seule rencontre avec l’occupant allemand. C’était en mai-juin 1944. Grosse alerte : une troupe allemande fait ses cantonnements à Triel : tous nos locaux scolaires et d’internat sont réquisitionnés par la troupe et pour la troupe ; donc fermeture de l’école et renvoi des internes dans leurs familles. Le Frère Directeur ne peut rien obtenir à la Mairie. L’arrivée des troupes allemandes, et donc l’évacuation des lieux, est prévue pour le lendemain.
Dans l’après-midi de ce premier jour, un officier allemand, avec son équipe du cantonnement vient voir les lieux ; il écoute attentivement les observations, en Allemand, du Frère Directeur et rapidement il conclut : « Ne vous inquiétez plus ; nous ne pouvons fermer votre école ; nous nous logerons ailleurs. » Et il en fut ainsi. Notre soulagement fut grand.
Communauté 1941 à 1945
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Fr. Fulrade Klein (Directeur)
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Fr. Jean UHL
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Fr. Evariste MARTIN
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Fr. Raphaël BRAUN
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Fr. Lucien HEGY
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Fr. Jean-Baptiste LORENTZ
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Fr. Romain BERNERT
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Fr. Romuald SCHMITT
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Fr. Séraphin WERNER
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Fr. Honoré SCHOTT
Communauté 1945 à 1947
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Fr. Raphaël BRAUN (Directeur)
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Fr. Bruno UHL
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Fr. Jean-Marie MULLER
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Fr. Justin HERZOG